Le printemps arabe à dix ans : Quel est l’héritage des soulèvements ?

En décembre 2010, le vendeur ambulant tunisien Mohamed Bouazizi s’est immolé par le feu pour protester devant un bureau du gouvernement dans la ville peu connue de Sidi Bouzid. En quelques jours, son acte de défi a déclenché un mouvement révolutionnaire qui s’est propagé à travers le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, renversant certains régimes autoritaires de longue date.

Avec le recul, les soulèvements, communément appelés le printemps arabe, ont produit des gains politiques, sociaux et économiques modestes pour certains habitants de la région. Mais ils ont également déclenché des violences horribles et durables, des déplacements massifs de population et une aggravation de la répression dans certaines parties de la région. Ces graphiques montrent comment la vie des habitants de six points chauds du Printemps arabe – Bahreïn, Égypte, Libye, Syrie, Tunisie et Yémen – a changé, pour le meilleur ou pour le pire, depuis le début des bouleversements il y a dix ans.

Démocratie

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Les manifestants étaient motivés par de nombreux facteurs, mais les analystes disent qu’un thème commun était une poussée pour la dignité et les droits de l’homme. Dans de nombreux pays, les tensions religieuses ont également joué un rôle important. Par exemple, les partis islamistes ont pris le pouvoir en Tunisie et en Égypte, pays autrefois laïques (mais seulement temporairement dans ce dernier cas). Parallèlement, de profondes divisions sectaires ont contribué à la naissance des mouvements antigouvernementaux au Bahreïn, en Syrie et au Yémen. Seule la Tunisie a opéré un virage durable vers la démocratie, tandis que l’Égypte a fait marche arrière et que la Libye, la Syrie et le Yémen ont sombré dans des guerres civiles prolongées.

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Beaucoup au Moyen-Orient ont lutté financièrement en raison de la baisse des prix du pétrole, du chômage élevé et de la corruption des élites politiques qui ont prospéré aux dépens des citoyens ordinaires, entre autres raisons. Les taux de pauvreté étaient élevés, en particulier dans les zones rurales. Dans aucun pays, le niveau de vie ne s’est significativement amélioré depuis les révolutions, et il a même diminué dans les zones ravagées par le conflit.

Chômage des jeunes

Plusieurs des soulèvements ont été menés par des étudiants et d’autres jeunes frustrés par la corruption du gouvernement et le manque d’opportunités économiques. Le chômage des jeunes dans la région reste le plus élevé au monde et s’est aggravé dans plusieurs pays, ravivant les protestations dans certains cas.

La liberté de la presse

Le monde cette semaine

Un condensé hebdomadaire des dernières nouvelles du CFR sur les plus grandes histoires de politique étrangère de la semaine, avec des brèves, des opinions et des explications. Tous les vendredis.

La liberté de la presse dans la région est pire aujourd’hui que dans les années précédant les révoltes. De nombreux gouvernements ont pris des mesures agressives pour supprimer toute critique dans les médias, et les journalistes étrangers et locaux sont plus susceptibles d’être emprisonnés, tués, ou de voir leur travail censuré que leurs pairs dans la plupart des autres régions du monde. L’Égypte est devenue l’un des principaux geôliers de journalistes au monde depuis l’arrivée au pouvoir du président Abdel Fatah al-Sisi en 2013.

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Déplacement

Les guerres civiles post-révolte en Libye, en Syrie et au Yémen ont provoqué des déplacements massifs. Dans de nombreux cas, les interventions militaires étrangères ont exacerbé la violence et le désordre. Le conflit en Syrie a créé à lui seul plus de cinq millions de réfugiés enregistrés et plus de six millions de personnes déplacées à l’intérieur du pays.

La liberté d’Internet

L’Internet et les médias sociaux ont été des outils essentiels pour mobiliser les manifestants du Printemps arabe et documenter certaines injustices gouvernementales. Dans les années qui ont suivi, des pays comme l’Égypte ont resserré leur emprise sur le cyberespace en limitant l’accès à Internet, en adoptant des lois qui facilitent la censure et en emprisonnant des personnes pour leurs publications antigouvernementales en ligne. Seule la Tunisie a accru la liberté d’internet, notamment en protégeant la liberté d’expression et la presse dans sa constitution de 2014.

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Corruption

Certains pays, comme la Tunisie, ont tenté de répondre aux appels des manifestants pour une meilleure gouvernance, notamment en créant des agences de lutte contre la corruption et de nouvelles lois pour protéger les dénonciateurs. Cependant, la corruption persiste et s’aggrave dans toute la région. Elle est particulièrement décourageante dans les pays déchirés par la guerre civile.

L’autonomisation des femmes

L’égalité des sexes n’était pas un objectif primordial du Printemps arabe, mais les femmes ont joué des rôles de premier plan dans les manifestations malgré la menace de violence sexiste. Au cours de la dernière décennie, certains pays ont connu une légère augmentation de la représentation féminine au sein du gouvernement, mais de manière générale, la région a peu fait pour améliorer le statut des femmes. Pourtant, dans des pays comme l’Égypte et la Tunisie, les femmes s’expriment davantage contre les injustices auxquelles elles sont confrontées.

Will Merrow a créé les graphiques de cet article.

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