Maurice Ravel
Maurice Ravel est l’un des compositeurs les plus importants et les plus influents du début du 20e siècle. Bien qu’il soit fréquemment associé à Claude Debussy en tant qu’exemplaire de l’impressionnisme musical, et que certaines de leurs œuvres présentent une ressemblance de surface, Ravel possédait une voix indépendante qui s’est développée à partir de son amour pour une grande variété de styles, notamment le baroque français, Bach, Mozart, Chopin, les traditions folkloriques espagnoles et le jazz et le blues américains. Son œuvre, élégante et lyriquement généreuse, n’était pas très importante par rapport à celle de certains de ses contemporains, mais ses compositions sont remarquables pour être méticuleusement et exquisément travaillées. Il était particulièrement doué en tant qu’orchestrateur, un domaine dans lequel il reste inégalé.
Ravel continua à exprimer son admiration pour la musique de Debussy tout au long de sa vie, mais alors que sa propre réputation se renforçait au cours de la première décennie du siècle, une jalousie professionnelle mutuelle refroidit leur relation personnelle. À la même époque, il se lia d’amitié avec Igor Stravinsky. Les deux se sont familiarisés avec le travail de l’autre pendant le séjour de Stravinsky à Paris et ont travaillé en collaboration sur des arrangements pour Sergey Diaghilev.
Entre 1909 et 1912, Ravel a composé Daphnis et Chloé pour Diaghilev et les Ballets Russes. C’était l’œuvre la plus grande et la plus ambitieuse du compositeur et elle est largement considérée comme son chef-d’œuvre. Il a écrit un deuxième ballet pour Diaghilev, La Valse, que l’impresario a rejeté, mais qui est devenu l’une de ses œuvres orchestrales les plus populaires. Après son service dans la Première Guerre mondiale en tant qu’ambulancier et la mort de sa mère en 1917, sa production est temporairement réduite. En 1925, l’Opéra de Monte-Carlo présente la première d’une autre grande œuvre, la « fantaisie lyrique » L’enfant et les sortilèges, une collaboration avec l’écrivain Colette.
Le jazz et le blues américains intriguent de plus en plus le compositeur. En 1928, il effectue une tournée très réussie en Amérique du Nord, où il rencontre George Gershwin et a l’occasion d’élargir son exposition au jazz. Plusieurs de ses œuvres tardives les plus importantes, comme la Sonate pour violon et piano n° 2 et le Concerto pour piano en sol montrent l’influence de cet intérêt.
Ironiquement, Ravel, qui dans sa jeunesse était rejeté par certains éléments de l’establishment musical français pour être un moderniste, dans ses dernières années était méprisé par Satie et les membres des Six comme étant vieux jeu, un symbole de l’establishment. En 1932, une blessure qu’il subit dans un accident de voiture amorce un déclin physique qui se traduit par des pertes de mémoire et une incapacité à communiquer. Il meurt en 1937, à la suite d’une opération du cerveau.
Malgré le fait qu’il ait laissé l’un des corpus d’œuvres les plus riches et les plus importants de tous les compositeurs du début du XXe siècle, un corpus qui comprenait pratiquement tous les genres à l’exception de la symphonie et de la musique liturgique, on se souvient le plus souvent de Ravel pour un arrangement de l’œuvre d’un autre compositeur, et pour une pièce qu’il considérait comme l’une de ses moins importantes. Son arrangement orchestral de la suite pour piano Tableaux d’une exposition de Moussorgski a été extrêmement populaire auprès des spectateurs (et les redevances qui en ont découlé ont fait de Ravel un homme riche). Le Boléro, une danse espagnole de 15 minutes dans laquelle un thème unique est répété dans une variété de guises instrumentales, a été ridiculisé pour sa répétitivité insistante, mais c’est aussi un favori populaire et l’une des œuvres orchestrales les plus familières et les plus fréquemment jouées du 20e siècle.