Principales théories de la personnalité

Des problèmes de définition se posent avec les termes personnalité et théories de la personnalité. La personnalité est comprise par certains comme l’idée que l’on se fait de soi, par d’autres comme le consensus des opinions d’autres personnes sur le caractère d’une personne, et par d’autres encore comme le véritable caractère d’une personne. Certaines théories de la personnalité s’appuient sur des concepts coordonnés élaborés qui traitent de l’origine et du développement de la personnalité, de la conception à la sénescence, en abordant les aspects cognitifs, conatifs et affectifs de l’esprit, ainsi que le libre arbitre, le holisme, la philosophie et d’autres questions. D’autre part, il existe des théories de la personnalité relativement simples et unidimensionnelles qui accordent peu d’attention à ce qui semble important pour d’autres théoriciens.

Ce sujet est compliqué non seulement par sa complexité et ses variations, mais aussi par la belligérance intellectuelle entre ceux qui favorisent une théorie plutôt qu’une autre et ceux qui divergent à propos de la même théorie. L’analogie avec les religions est inéluctable.

Au vu de cette situation, les théories de la personnalité seront traitées d’une manière inhabituelle. Les phrases en italique sont reprises de Personality Theories, Research, and Assessment (Corsini et Marsella 1983).

Tableau 1
Certaines théories de la personnalité et leurs initiateurs
note : certaines théories de la personnalité et leurs initiateurs
abelson, r.p. least effort lowen, alexander bio-energetics
allport, gordon w. Personnalisme maltz, albert psychocybernétique
angyll, andreas théorie organiste maslow, abraham actualisations personnelles
assiogoli, roberto psychosynthese may, rollo existentialism
berne, eric transactional analysis mead, g.h. interaction sociale
binwangers, ludwig daseinanalysis miller, neal théorie de l’apprentissage
branden, nathaniel biocentrisme meyer, adolf théorie psychobiologique
burrow, trigant phyloanalyse moreno, j.l. sociométrie
bühler, charlotte psychologie humaniste mowrer, o.h. théorie des deux facteurs
bühler, karl funktionlust murphy, gardner théorie biosociale
boss, medard daseinanalysis murray, h.a. théorie du besoin de pression
cattell, raymond théorie multivariée osgood, charles théorie de la congruence
combs, arthur phénoménologie perls, frederick théorie dugestalt
ellis, albert théorie rationnelle-émotive piaget, jean théorie du développement
erikson, erik théorie du développement rank, otto théorie de la volonté
eysenck, hans théorie du développement reich, wihelm analyse du caractère
frankl, victor logothérapie rolf, ida intégration structurelle
fromm, erich psychanalyse humaniste rotter, julian apprentissage social
heider, fritz théorie de l’équilibre sarbin, theodore théorie des rôles
horney, karen théorie sociopsychologique sheldon, william théorie morphologique
jackson, don théorie des systèmes sulivan, h.s. théorie interpersonnelle
kelly, charles théorie néo-reichienne van kaam, adrian psychologie transpersonnelle
korsybski, alfred sémantique générale werner, heinz théorie du développement
lecky, philip consistance de soi wolpe, joseph théorie du comportement
lewin, kurt psychologie topologique

Ils contiennent des citations d’affirmations sélectionnées sur les diverses théories écrites par des autorités de neuf systèmes majeurs. Parmi les autres sources présentant des informations comparatives sur les théories de la personnalité, citons : Burger 1993 ; Cloninger 1993 ; Corsini et Wedding 1995 ; Drapela 1995 ; Engler 1999 ; Ewen 1997 ; Schultz et Schultz 1994.

Le tableau 1 est une liste d’un certain nombre d’autres théories importantes de la personnalité.

PSYCHOANALYSE (SIGMUND FREUD, 1856-1939)

La psychanalyse est à la fois une théorie de la personnalité et une forme de psychothérapie (voir Freud 1952-1974). Très controversée du vivant de Freud, elle continue de l’être.

Freud voyait la personnalité comme un conflit dynamique au sein de l’esprit entre des forces instinctives et sociales opposées. L’hypothèse topographique considère l’esprit en termes de trois systèmes. Ce sont : l’inconscient, le préconscient et le conscient. L’esprit est composé du Ça, du Moi et du Surmoi. Le Ça consiste en des demandes instinctives primitives, le Surmoi représente l’influence de la société qui restreint les demandes du Ça, et l’Ego se situe dynamiquement entre les deux. Les motivations fondamentales sont instinctives. Les instincts sont les forces fondamentales (pulsions) de la psyché. Le but des pulsions est leur satisfaction. Tous les instincts sont fondamentalement sexuels. Le concept de sexualité de Freud était équivalent aux plaisirs physiques. Il existe une série de stades intégrés du développement sexuel. Freud postulait que les gens passaient par trois stades sexuels : Un stade oral suivant le stade primaire infantile narcissique, puis une phase anale, et enfin une phase phallique. Les enfants développent des attitudes libidinales envers les parents. Cette notion de complexe d’Œdipe et d’Électre d’enfants ayant des attirances sexuelles pour des parents du sexe opposé a particulièrement suscité la controverse.

Le psychisme développe un certain nombre de défenses. Pour survivre, le moi de l’être humain développe un certain nombre de processus destinés à refouler la conscience des conflits. La répression est le principal mécanisme mental, mais d’autres défenses lui sont liées, notamment la rationalisation, le déplacement, l’identification et la conversion. Les rêves ont un sens et un but. Selon Freud, les rêves sont des désirs déguisés permettant aux gens de dormir en permettant l’expression de désirs illicites déguisés par divers symbolismes.

PSYCHOLOGIE INDIVIDUELLE (ALFRED ADLER, 1870-1937)

La théorie de la personnalité d’Alfred Adler se distingue par son bon sens et son langage simple (voir Adler 1956). Contrairement à Freud et Jung, les vues d’Adler démontrent une préoccupation sociale.

L’homme, comme toutes les formes de vie, est un organisme unifié. Cette notion holistique de base contredit les classifications de Freud et les thèses et antithèses opposées. Adler considérait l’individu comme une totalité indivisible qui ne pouvait être analysée ou considérée en sections. La vie est un mouvement, orienté vers la croissance et l’expansion. Adler a adopté une attitude dynamique et téléologique vis-à-vis de la vie, selon laquelle les gens s’efforcent toujours d’atteindre des objectifs d’amélioration et d’enrichissement personnels. L’homme est doté de créativité et, dans certaines limites, il est autodéterminé. Au lieu d’adopter la position habituelle selon laquelle seules la biologie et la société devaient être prises en compte dans la formation de la personnalité, Adler a proposé un troisième élément : la créativité personnelle ou la responsabilité individuelle, apparentée au concept de libre arbitre. Adler admettait que nous disposions tous de certains acquis biologiques et sociaux et que ce que l’on en faisait relevait de la responsabilité des individus.

L’homme vit inextricablement dans un monde social. Adler avait une théorie de la personnalité sociale. Individuale en allemand n’a pas la même dénotation que individual en anglais mais désigne plutôt l’indivisibilité ou l’unité. Adler ne voyait pas les êtres humains séparément de la société. Les problèmes importants de la vie – relations humaines, sexe, profession – sont des problèmes sociaux. Adler croyait que pour réussir dans la vie, tous les humains devaient accomplir les tâches de vie que sont la socialisation, la famille et le travail.

L’intérêt social est une aptitude qui doit être développée consciemment. L’intérêt social est le critère de la santé mentale. L’intérêt social est défini de manière opérationnelle comme l’utilité sociale. Ce trio d’énoncés connexes constitue une philosophie explicite unique pour les théories de la personnalité. Adler croyait que la normalité psychologique dépendait de l’intérêt social (Gemeinschaftsgefühl). Il considérait que tous les échecs humains, tels que les criminels, les fous et les névrosés, manquaient de cet élément.

Psychologie analytique (CARL G. JUNG, 1875-1961)

La psychologie analytique de Jung met l’accent sur les processus mentaux inconscients et présente des éléments de la personnalité qui dérivent du passé de l’humanité (Jung 1953-1972).

La personnalité est influencée par l’activation potentielle d’un inconscient transpersonnel collectif. Jung croyait que les individus lors de leur conception venaient avec quelque chose du passé qui orientait leur personnalité, un concept un peu comme le lamarckisme relatif à l’hérédité physique. Les complexes sont structurés et dynamisés autour d’une image archétypique. Il s’agit d’une extension de la première affirmation. Les complexes renvoient à d’importants aspects bipolaires de la personnalité, comme l’introversion-extraversion. Les complexes, dirigés par les archétypes, sont considérés comme des capacités innées et universelles de l’esprit à organiser les expériences humaines. Les archétypes sont considérés comme des potentiels innés de l’esprit dérivés des expériences des ancêtres, une sorte de plan directeur du caractère de chacun.

L’ego sert de médiateur entre l’inconscient et le monde extérieur. Selon Jung, un ego fort et bien intégré est l’état idéal pour une personne. La réalité psychique inconsciente est aussi importante que le monde extérieur. Jung a souligné l’importance de la phénoménologie par rapport au comportement manifeste. Il a exploré les royaumes intérieurs des gens avec une grande diligence. Il a même dépassé Freud en se concentrant sur l’importance de l’inconscient. La croissance de la personnalité se produit tout au long du cycle de vie. Jung voyait les individus en constante croissance et développement avec des étapes imperceptibles qui parfois, comme dans le cas de l’adolescence et des crises de la quarantaine, devenaient évidentes. La psyché s’efforce spontanément d’atteindre la plénitude, l’intégration et la réalisation de soi. Cette dernière affirmation est reprise de différentes manières par un certain nombre d’autres théoriciens, dont les deux que nous venons d’examiner, et certains théoriciens comme Carl Rogers et Kurt Goldstein en font un point central.

Théorie centrée sur la personne (CARL ROGERS 1902-1987)

Carl Rogers a développé sa théorie dans le cadre de son système de thérapie centrée sur le client ou non directive (voir Rogers 1951). Il a toujours eu une foi inébranlable dans le potentiel des gens à corriger les erreurs de leur passé si un environnement thérapeutique pouvait être créé dans lequel le client se sentait compris et accepté par un thérapeute neutre et non évaluateur. Son système émerge d’un thème central, la première affirmation ci-dessous.

Chaque personne a une tendance inhérente à actualiser un potentiel unique. Rogers considérait que chaque personne avait une tendance intrinsèque à développer toutes ses capacités de manière à maintenir ou à améliorer l’organisme. Chaque personne possède une sagesse corporelle inhérente qui permet de différencier les expériences qui actualisent et celles qui n’actualisent pas le potentiel. La confiance de Rogers dans les personnes est indiquée ici : Il existe une sagesse du corps en ce sens que chacun sait ce qui est le mieux pour soi en termes de but ultime de réalisation de soi.

Il est d’une importance cruciale d’être pleinement ouvert à toutes les expériences. L’expérience devient plus qu’une simple sensation corporelle à mesure que l’on vieillit. Grâce à des interactions complexes avec notre corps et avec d’autres personnes, nous développons un concept de soi. Ces trois affirmations vont de pair, et Rogers y reprend la controverse entre nature et culture, hérédité et environnement. Essentiellement, sa position est que la personnalité est une fonction de la sagesse corporelle et de l’effet des autres (principalement les parents).

On peut sacrifier la sagesse de ses propres expériences pour gagner l’amour d’un autre. Rogers, en tant que thérapeute, est arrivé à la conclusion qu’une grande partie de la souffrance humaine est due à la tendance des gens à sacrifier leur propre sagesse corporelle pour obtenir le regard positif des autres. Les enfants, afin d’être acceptés par leurs parents, seront trop souvent d’accord avec eux, accepteront leurs prémisses et les conserveront tout au long de leur vie, générant ainsi des problèmes si les prémisses sont incorrectes. Son système thérapeutique avait pour but d’amener les gens à comprendre leurs processus historiques et à être capables de réviser l’histoire de leur vie. Un fossé peut se creuser entre ce qui est réellement vécu et le concept de soi. Le même thème est ici développé. Une personne peut nier la réalité pour obtenir l’approbation des autres, et cette bifurcation peut générer une foule de problèmes. Lorsque le fossé entre le vécu et le soi est trop grand, il peut en résulter de l’anxiété ou un comportement désorganisé. Une fois encore, le même thème est mis en avant. Nous voulons tous être aimés et acceptés, mais la poursuite de l’acceptation peut nous séparer de la réalité. La validation de l’expérience en fonction des autres ne peut jamais être achevée. Toutes les inadaptations naissent du déni des expériences qui ne correspondent pas à l’image que l’on a de soi. Ainsi, la réalité doit dépendre de soi et non des autres. Adler croyait que les personnes inadaptées manquaient d’intérêt social, tandis que Rogers affirmait que l’inadaptation provenait essentiellement du fait que les gens écoutaient les autres plutôt que leur propre sagesse corporelle.

Théorie des constructions personnelles (GEORGE A. KELLY, 1905-1967)

Kelly était un penseur très original. Il a développé un système cognitif unique qui nécessitait l’utilisation d’un langage idiosyncrasique (voir Kelly 1955). Bien que sa théorie des constructions personnelles couvre toute la psychologie du point de vue idéographique, il a contourné les termes et concepts habituels tels que l’apprentissage et les émotions et n’a prêté aucune attention à l’environnement ou à l’hérédité.

Toutes nos interprétations de l’univers sont sujettes à révision. Kelly part d’un scepticisme sur les croyances et prend la position qu’il n’y a pas de réalité absolue. Il prend la position de l’alternativisme constructif pour indiquer que les personnes ayant des différences d’opinions ne peuvent pas nécessairement être divisées en termes de bien et de mal. Deux personnes peuvent voir la même situation de manière très différente et toutes deux peuvent avoir raison, toutes deux peuvent avoir tort, ou l’une ou l’autre peut avoir raison. Personne n’a besoin d’être victime de sa propre biographie. Nous avons ici un énoncé du concept de libre arbitre sous une forme différente.

Les processus d’une personne sont psychologiquement canalisés par les manières dont elle anticipe les événements. C’est le postulat fondamental de Kelly. Essentiellement, ce point de vue affirme que ce qui est important est la façon dont les événements sont interprétés plutôt que les événements eux-mêmes. Cette affirmation conduit naturellement à la contribution majeure de Kelly à la théorie de la personnalité, une série d’autres constructions personnelles, relatives à la façon dont les gens perçoivent la réalité. Il n’est pas nécessaire de couvrir l’ensemble de ses constructions, mais quelques-unes d’entre elles donneront au lecteur une idée de la pensée de Kelly : Une personne anticipe les événements en construisant leur réplication. (Le corollaire de la construction.) Les personnes diffèrent les unes des autres dans leur construction des événements. (Le corollaire de l’individualité.) Une personne peut successivement employer une variété de sous-systèmes de construction qui sont inférentiellement incompatibles les uns avec les autres. (Le corollaire de fragmentation.) Ce dernier corollaire est directement lié au thème de Carl Rogers selon lequel l’inadaptation provient de forces divergentes : de l’intérieur et de l’extérieur.

Plusieurs des processus importants de la personnalité et du comportement apparaissent lorsqu’une personne tente de changer ou est menacée de changement forcé dans son système de construction. Le point de Kelly ici est repris par de nombreux autres théoriciens, à savoir que l’on établit une sorte de modèle de vie ou de style de vie, mais que les changements dans la pensée de soi et des autres vont perturber l’individu.

Le système de Kelly est le système cognitif le plus pur de tous ceux discutés ici, dépendant uniquement des perceptions et des interprétations.

TOIRE DU RENFORCEMENT OPÉRANT (B.F. SKINNER 1904-1990)

Skinner a nié que son renforcement opérant soit une théorie de la personnalité, mais plutôt qu’il couvre tous les aspects du comportement humain manifeste (Skinner 1938). Contrairement aux théoriciens qui considèrent la personnalité comme essentiellement phénoménologique, Skinner décrie le terme d’esprit et se préoccupe uniquement du comportement manifeste. En tant que behavioriste radical, Skinner ne nie pas les processus internes mais les considère comme non pertinents pour la psychologie en tant que science objective du comportement.

La personnalité est acquise et maintenue par l’utilisation de renforcements positifs et négatifs. Skinner applique le renforcement opérant à tous les aspects du comportement humain. Nous avons tendance à répéter ce qui fonctionne et à abandonner ce qui ne fonctionne pas, à poursuivre un comportement qui entraîne des conséquences agréables et à cesser un comportement qui entraîne des conséquences désagréables. Le comportement peut être modifié ou affaibli par la suppression des renforçateurs. Si d’autres personnes changent leur façon d’agir envers un individu, cela affectera à son tour le comportement de cette personne et par conséquent sa personnalité.

La personnalité se développe à travers un processus de discrimination. Dans la vie, nous subissons toutes sortes de conséquences, et nous devons prendre des décisions sur notre comportement futur face à ces conséquences. La personnalité se forme ou se différencie. Au fil du temps, nos personnalités sont façonnées par des généralisations sur les moyens qui mènent à la réalisation d’objectifs.

TOIRE DE L’APPRENTISSAGE SOCIAL (ALBERT BANDURA, 1925-)

Bandura, comme Skinner, est arrivé à ses opinions sur la personnalité principalement par la recherche (Bandura et Walters 1963). Son système est de type cognitif-apprentissage soulignant la capacité des individus à généraliser en termes de symboles.

Les causes du comportement humain sont l’interaction réciproque des influences comportementales, cognitives et environnementales. Bandura croit que la personnalité est une fonction de la façon dont nous pensons et agissons et de nos réponses des réactions de l’environnement à notre comportement. En ce qui concerne les trois éléments que sont la biologie, la société et la créativité, Bandura met l’accent sur les deux derniers. L’hérédité n’est pas considérée comme un facteur déterminant dans le développement de la personnalité : La façon dont une personne pense et agit et la façon dont l’environnement réagit à son comportement déterminent sa personnalité. Le comportement peut être auto-gouverné par le biais de conséquences autoproduites (auto-renforcement). Cette affirmation souligne également l’importance de la réciprocité : la vie est une interaction : l’individu contre le monde, l’individu changeant le monde et le monde changeant l’individu.

Les individus peuvent être influencés par des symboles qui agissent comme des modèles. La réalité pour les gens ne doit pas seulement être des stimuli directs, comme un sourire ou une gifle, mais la réalité peut aussi passer par des symboles, comme des images ou des mots. Dans le cadre de ses principales recherches, Bandura a demandé aux enfants d’observer le comportement des autres. Il a constaté que si une personne considérée comme un modèle se comportait de manière agressive et obtenait ce qu’elle voulait, les observateurs étaient susceptibles d’imiter le modèle. Par conséquent, ce ne sont pas seulement les stimuli et les réponses directs (selon Skinner) mais aussi les expériences symboliques qui déterminent la personnalité. Les renforcements (et les punitions) peuvent fonctionner de manière vicariante. Il s’agit de la même chose que ci-dessus. Divers types de comportement peuvent être modifiés en voyant ce qui arrive aux autres. Nous apprenons non seulement en faisant et en obtenant des réponses, mais aussi en observant.

THÉORIE DE LA PERSONNALITÉ EXISTENTIELLE

La psychologie existentielle est un ensemble de concepts vaguement organisés et mal définis, principalement basés sur le travail des philosophes et des théologiens (voir Blackham 1959 ; Grimsley 1955). Essentiellement, les existentialistes considèrent que les individus sont en quête de sens. Les gens sont également considérés comme s’efforçant d’atteindre l’authenticité.

La personnalité se construit principalement par l’attribution d’un sens. Essentiellement, ce point de vue est similaire au concept de constructions de Kelly. Les personnes sont caractérisées par la symbolisation, l’imagination et le jugement. Ces éléments sont considérés comme des tentatives de trouver un sens. L’être humain essaie toujours de donner un sens à l’existence, aux autres et à lui-même et utilise des processus mentaux en interaction avec lui-même et le monde.

La vie est mieux comprise comme une série de décisions. L’individu humain doit non seulement prendre des décisions évidentes, comme quoi manger, mais aussi des décisions plus subtiles et importantes, comme qui il est vraiment. Il doit décider de ce qu’est le monde, de ce qui est réel, de ce qui est important et de la manière d’y participer. La personnalité est une synthèse de la facticité et de la possibilité. La facticité désigne les données de l’hérédité et de l’environnement et la possibilité devient l’aspect créatif de la personnalité. Les faits de la réalité limitent les variations de comportement.

Une personne est toujours confrontée au choix du futur, qui provoque l’anxiété, et au choix du passé, qui provoque la culpabilité. La condition humaine est telle que les personnes qui regardent en arrière dans le temps peuvent trouver des raisons de se sentir coupables et celles qui regardent en avant peuvent trouver des raisons d’avoir peur. Les existentialistes considèrent l’anxiété et la culpabilité comme des éléments essentiels de l’être humain.

Le développement idéal est facilité par l’encouragement de l’individualité. On retrouve ici des traces du concept de Carl Rogers sur l’importance de l’écoute de son propre corps ou de l’exigence de courage personnel d’Adler et de Kelly. Un problème humain est d’échapper aux effets de son environnement précoce, en particulier aux effets de sa famille.

Théories constitutionnelles

Les plus anciennes théories de la formation de la personnalité sont les constitutionnelles qui affirment que la personnalité est fonction de la nature de son corps corporel. Aristote (1910) dans sa Physiognomica, par exemple, a déclaré que les « anciens » avaient une variété de théories pour expliquer les différences dans le caractère humain. Le médecin grec Galien a repris l’explication physiologique d’Hippocrate sur la santé corporelle en tant que fonction de l’équilibre entre certains fluides corporels et a déclaré que les différents types de personnalité étaient fonction des excès de ces fluides. Gall et Spurzheim (1809) ont fait l’éloge de la phrénologie (la forme de la tête humaine) pour établir la personnalité. Kretschmer (1922) a déclaré que les personnes ayant certains types de corps avaient tendance à présenter certains types de troubles mentaux. Lombroso (1911) a déclaré que les types de criminels se distinguaient par un certain nombre d’anomalies physiologiques. Et la liste est encore longue. Il existe actuellement une variété de théories constitutionnelles de la personnalité, dont certaines seront examinées ci-dessous.

Approche structurelle. William Sheldon (voir Sheldon et Stevens 1942) a classé les individus en fonction de la forme de leur corps en affirmant qu’il existait une corrélation positive entre diverses variations structurelles et les types de personnalité. Il a passé de nombreuses années à faire des recherches fondamentales pour trouver des preuves de sa théorie. Il a trouvé des preuves solides pour soutenir la validité de son point de vue. D’autres chercheurs ont également trouvé des preuves de soutien, mais pas à un degré utile.

Le somatotype fournit un cadre de référence universel pour la croissance et le développement qui est indépendant de la culture. Cette déclaration, par implication, écarte la société et la créativité. Naître avec un type de corps particulier et vous aurez un type de personnalité spécifique. Trois extrêmes polaires appelés endomorphie, mésomorphie et ectomorphie identifient les composantes essentielles du somatotype. Sheldon avait un système de classification quelque peu complexe avec trois types corporels principaux : les mésomorphes avaient un excès de muscles, les endomorphes un excès de graisse, et les ectomorphes étaient relativement minces. Par exemple, les mésomorphes étaient considérés comme audacieux, les endomorphes comme extravertis et les ectomorphes comme introvertis.

Approche expérientielle. Cette position constitutionnelle particulière est défendue par Schilder (1950) et Fisher (1970), entre autres. Il s’agit d’une approche combinée d’apprentissage et de physiologie, qui se réfère à la nature des expériences qu’une personne vit par contact, au cours de sa vie, entre les viscères internes, la peau et l’effet de l’environnement sur le corps.

Les sensations corporelles fournissent la base primaire de la différenciation initiale du soi par rapport à l’environnement. La notion de base est qu’un enfant à naître n’est conscient que des sensations internes, mais après la naissance, il devient maintenant conscient des stimuli du monde extérieur. Ainsi, la surface du corps devient le lieu de la séparation du soi et de l’environnement et l’enfant devient capable d’identifier le soi et le monde extérieur. Le développement de l’image corporelle se fait par étapes, chacune d’entre elles ayant un effet durable sur l’image corporelle dans son ensemble. Cette affirmation comporte des éléments des stades sexuels freudiens et du behaviorisme de Skinner dans la mesure où le contact avec le monde extérieur établit non seulement le monde mais aussi la personnalité de l’individu.

Approche holistique. Kurt Goldstein, qui a travaillé principalement avec des patients atteints de lésions cérébrales, est principalement identifié à ce point de vue (voir Goldstein 1939). En travaillant avec divers cas de pathologie physique, tels que des victimes d’accidents vasculaires cérébraux, il s’est rendu compte de l’importance de la tentative humaine de maximiser et d’organiser les potentiels pour survivre et améliorer sa situation.

L’organisme humain normal est équipé pour maximiser la réalisation de soi, à condition que les forces environnementales n’interfèrent pas. Cette affirmation est acceptée de diverses manières par un certain nombre d’autres théoriciens de la personnalité, mais Goldstein en a fait son point central. Parmi les théoriciens déjà évoqués, Adler, Jung et Rogers auraient été tout à fait d’accord. La réalisation de soi se manifeste par une différenciation maximale et par le plus haut niveau possible de complexité d’un système intégré. Cette affirmation découle de la précédente et met l’accent sur le concept de la sagesse du corps. La clé d’un comportement efficace est le fonctionnement adéquat des relations entre les parties et le tout. Goldstein a utilisé les concepts de Gestalt de la figure et du sol pour donner la preuve de l’importance de la compréhension du comportement comme une totalité, et par conséquent il peut être considéré comme un théoricien holistique.

SUMMARY

À l’heure actuelle, il existe un nombre considérable de théories de la personnalité, chacune travaillant pour ainsi dire de manière complètement indépendante les unes des autres. Il manque un vocabulaire commun, ce qui fait que des personnes différentes disent la même chose avec des mots différents. Une théorie éclectique complète prendrait en compte tous les éléments mentionnés, reprenant la question de la personnalité en termes d’hérédité, d’environnement et de créativité, de soi et d’environnement.

(voir aussi : Personnalité et structure sociale ; Psychologie sociale).

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Raymond J. Corsini

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