Un artiste de la faim

La séparation de l’artiste de la société

Dans « Un artiste de la faim », la relation trouble de l’artiste de la faim avec ses spectateurs suggère que l’artiste existe en dehors de la société et doit donc être incompris. Dans le cas de l’artiste de la faim, être un artiste signifie se couper du monde, une conclusion reflétée dans le choix conscient de l’artiste de la faim de se séquestrer dans une cage. Cette séparation physique entre l’artiste de la faim et le spectateur reflète la séparation spirituelle entre l’ego artistique individuel et la volonté publique. Cette différence d’état d’esprit conduit à une différence critique de compréhension. Mis à part des autres, seul l’artiste de la faim réalise l’importance de ses ambitions et de ses réalisations, et lui seul sait qu’il ne triche pas. Plus l’artiste de la faim va loin dans sa quête de la perfection, comme il le fait au cirque, plus il s’éloigne de la compréhension des personnes pour lesquelles il se produit. L’artiste sera toujours séparé de la société parce que les qualités qui le distinguent en tant qu' »artiste » et qui méritent d’être préservées sont celles qui garantissent qu’il ne sera jamais compris.

L’effet néfaste de l’orgueil

Bien que la fierté farouche de l’artiste de la faim pour son art lui permette d’améliorer son jeûne, elle l’empêche finalement d’atteindre ses objectifs parce qu’elle nuit à son attrait public et à sa connexion avec les autres. Il regarde son corps émacié et sa cage thoracique saillante avec vanité, les considérant comme des insignes d’honneur, mais son corps pitoyable et grotesque repousse les femmes qui veulent initialement le porter hors de sa cage à la fin de son jeûne. Dans ce cas, son corps affamé – qui est la manifestation de son orgueil – est la chose qui lui assure de ne jamais être aimé et admiré par le public. L’orgueil détourne l’artiste de la faim des autres pour le replier sur lui-même, et il renforce son isolement en s’enfermant dans une cage et en méditant intensément. En fin de compte, l’orgueil garantit à l’artiste de la faim non pas la gloire et la transcendance, mais l’obscurité.

L’inutilité de la faim

L’artiste de la faim se délecte de sa faim tout au long de l’histoire, espérant qu’elle le conduira à une satisfaction spirituelle, mais en fin de compte, son jeûne le laisse vide à la fois physiquement et spirituellement. L’artiste de la faim refuse la nourriture, mais son abnégation révèle son besoin d’un autre type de nourriture : la reconnaissance publique et la perfection artistique. La faim, pour une nourriture à la fois physique et spirituelle, est le sujet de sa performance. Au-delà de la performance, cependant, l’artiste affamé n’aspire qu’à ce que le monde physique, y compris son public, ne peut lui donner. Le jeûne devient la « chose la plus facile au monde » pour l’artiste de la faim, mais ce dont il s’efforce de se passer, c’est la nourriture spirituelle qui reste hors de sa portée.

Alors qu’il se produit avec l’impresario, l’artiste de la faim ne parvient jamais à jeûner indéfiniment, et cet échec entraîne une insatisfaction constante. Mais l’artiste de la faim ne comprend pas que la satisfaction spirituelle à laquelle il aspire repose sur la vie physique à laquelle il croit devoir renoncer. En renonçant à ses prétentions sur la vie, l’artiste de la faim se rend incapable d’atteindre la satisfaction spirituelle. La panthère qui le remplace dans la cage a soif de vie, satisfaite « jusqu’à l’éclatement de tout ce dont elle avait besoin ». Même si elle est enfermée dans une cage, la panthère semble n’avoir besoin de rien car, par essence, elle ne manque de rien. L’artiste de la faim meurt vidé, ayant tout abandonné et n’ayant atteint aucun de ses objectifs.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.