Un chercheur en sciences cognitives a conçu une astuce de sommeil sans médicament pour votre esprit agité

Un chercheur en sciences cognitives a peut-être résolu une énigme familière du sommeil : Si vous avez du mal à vous endormir, vous êtes susceptible de continuer à penser à la façon dont vous n’arrivez pas à vous endormir, ce qui rend l’endormissement plus difficile. Alors comment cesser de penser à sa difficulté à s’endormir ?

Luc Beaudoin, de l’Université Simon Fraser à Vancouver, au Canada, a inventé une méthode appelée « cognitive shuffling » (brassage cognitif) qui vise à endormir le cerveau dans cet état de grogne qui précède un cycle de sommeil en lui demandant de se concentrer sur des mots et des images aléatoires, sans faire de liens entre eux. Lorsqu’il s’adresse à d’autres spécialistes des sciences cognitives, il appelle ce concept « imagination diverse en série ».

Il existe deux façons de procéder à ce brassage cognitif. La première consiste à jouer à un jeu de mots simple lorsque vous êtes allongé dans votre lit : Choisissez un mot qui contient au moins cinq lettres. Prenez la première lettre et créez une nouvelle liste de mots qui commencent par cette lettre, puis représentez chacun d’eux de manière vivante dans votre esprit. Lorsque vous êtes à court d’idées ou d’inspiration, passez à la lettre suivante. Le mot « semence » peut être n’importe quoi, mais il doit être émotionnellement neutre et ne doit pas contenir trop de lettres répétées. Beaudoin utilise « bedtime » comme exemple sur son site.

La deuxième option est d’utiliser l’application de Beaudoin, mySleepButton, qui fonctionne sur un principe similaire mais fait tout le travail pour vous. Allumez-la et une voix génériquement agréable lit une liste d’objets, de scènes et d’activités aléatoires, à quelques secondes d’intervalle ; tout ce que vous avez à faire est de régler le minuteur pour savoir combien de temps vous voulez que la voix continue à énumérer les éléments, puis de vous représenter chaque élément de façon vivante.

Le brassage cognitif est la réponse de Beaudoin à son « hypothèse de somnolence de mentation incohérente ». Essentiellement, il propose qu’au moment de la transition vers le sommeil, le cerveau cesse de « donner du sens ». Il a désactivé les fonctions de traitement d’ordre supérieur que nous utilisons pendant la journée, ce qui permet aux pensées et aux images de devenir surréalistes. C’est un « signal aux régions sous-corticales pour continuer la transition vers le sommeil », écrit-il dans un article expliquant la théorie, publié pour la première fois en 2013.

Son jeu de mots et son application poussent délibérément le cerveau à croire qu’il est sûr de se retirer.

On nous a dit de compter les moutons pour bercer notre esprit au repos, mais les jeux de comptage de base sont ennuyeux, soutient Beaudoin. L’activité n’est tout simplement pas assez collante pour retenir l’attention de ce que la pensée bouddhiste appelle l’esprit de singe. En revanche, le brassage cognitif donne au cerveau juste assez de jouets pour jouer avec, mais pas assez d’informations cohérentes pour stimuler le fonctionnement exécutif.

Des chercheurs de l’Université de Montréal ont commencé à tester une version plus simple de l’application dans une étude contrôlée opposant l’imagination diverse en série au comptage à rebours. Les résultats préliminaires (en français et en anglais) suggèrent que la capacité de l’application à aider l’insomnie est prometteuse. À la fin d’un essai de deux semaines, les deux groupes – l’un utilisant l’application et l’autre comptant à l’envers – présentaient une réduction de l’insomnie, mais ceux qui utilisaient l’application présentaient une plus grande amélioration. Ils ont également eu l’impression de mettre moins de temps à s’endormir ; l’autre groupe n’a pas remarqué de changement. (Beaudoin note qu’il a participé à la conception de l’essai, qui a utilisé une application construite sur le logiciel de sa société.)

Pour l’instant, mySleepButton est l’une des nombreuses applications qui abordent un vieux problème, bien que ce soit la seule conçue pour brouiller délibérément vos pensées.

L’insomnie est un problème occasionnel pour moi, alors j’ai essayé l’application hier soir dans une expérience totalement non scientifique. Après avoir réglé le minuteur sur 20 minutes, et les mots ont commencé à jaillir de mon téléphone, j’ai immédiatement commencé à penser à la raison pour laquelle les auteurs de l’application ont choisi les mots qu’ils ont choisis. Cela m’a rendu certain que l’application échouerait.

L’application : Afro… Paquebot… Un oiseau dans un arbre…

Moi : Afro ? Quel début. Connotations raciales. C’est cool ? Ou suis-je le problème pour penser ça ?

L’application : Shopping le samedi… Une piscine dans un centre communautaire…

Moi : Attends, pourquoi un centre communautaire ? Pourquoi pas « une piscine publique » ? Est-ce un canadianisme ?

Cela a continué comme ça.

Après ce qui m’a semblé être cinq minutes, cependant, j’ai remarqué que chaque nouveau mot déclenchait effectivement un micro-rêve. Mon esprit est devenu une troupe d’improvisation acceptant des idées aléatoires du public et les mettant en œuvre dans des scènes étranges. (C’était un peu comme le sketch classique de Carol Burnett « The Life Raft », dans lequel des humains de la vie réelle sont forcés de jouer les caprices d’un romancier alors qu’il élabore son intrigue imprévisible.)

Mais il semblait y avoir un hic : mes rêves bizarres étaient constamment interrompus par le prochain mot ou la prochaine phrase qui ne pouvait pas être facilement incorporé, ce qui me réveillait. « Lumière brillante sur une montagne » était l’une de ces énigmes qui brisaient la transe.

« Cela semble être un défaut de conception », me suis-je dit – avant de m’assoupir et de dormir profondément.

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