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Des scientifiques de l’Institut Pasteur de Madagascar et de l’Institut Pasteur de Paris, en collaboration avec le ministère de la Santé publique malgache, l’Organisation mondiale de la santé et des experts internationaux, ont décrit l’ampleur et la dynamique de transmission de l’épidémie de peste pneumonique 2017 à Madagascar.

L’analyse des scientifiques révèle une dominance de la forme pneumonique, qui représente 78% des 2 414 cas cliniques suspects signalés. Le nombre de cas confirmés ou probables de peste pneumonique a doublé en moyenne tous les cinq jours après la phase initiale de l’épidémie. Les résultats de l’étude ont été publiés dans la revue The Lancet Infectious Diseases le 28 mars 2019.

La peste, considérée dans d’autres pays comme une maladie du passé, est endémique à Madagascar, puisque 75 % des cas mondiaux de peste déclarés à l’OMS surviennent dans le pays. Chaque année, Madagascar enregistre entre 200 et 700 cas cliniques suspects, principalement de peste bubonique. De septembre à avril chaque année, on observe une recrudescence saisonnière de cette zoonose, qui touche principalement les zones rurales des Hautes Terres centrales à plus de 800 m d’altitude. Entre août et novembre 2017, une épidémie urbaine de peste pneumonique a été déclarée.

Cette épidémie peut être attribuée à un patient décédé d’une détresse respiratoire alors qu’il voyageait en taxi-brousse des Hautes Terres centrales au port de Toamasina sur la côte orientale. Cette épidémie était inhabituelle par son ampleur (près de 2 500 cas déclarés ou suspects), la date à laquelle elle a débuté et sa répartition géographique — elle a principalement touché deux villes, la capitale Antananarivo et la ville portuaire de Toamasina.

Le programme national de lutte contre la peste de Madagascar exige que chaque cas clinique suspect de peste soit signalé au Laboratoire central de la peste (LCP, hébergé à l’Institut Pasteur de Madagascar, basé à Antananarivo) du ministère de la Santé publique, où toutes les informations cliniques et épidémiologiques sont enregistrées. Le LCP est également le lieu où les cas suspects de peste sont confirmés par des tests de laboratoire.

Les scientifiques de l’Institut Pasteur de Madagascar et de l’Institut Pasteur de Paris et leurs collègues ont enquêté sur les détails épidémiologiques et sociodémographiques, les caractéristiques cliniques et la létalité des cas signalés entre le 1er août et le 26 novembre 2017 (date officielle de fin de l’épidémie de peste pneumonique).

Pendant cette épidémie à prédominance urbaine, 2 414 cas cliniques suspects ont été signalés, dont un quart ont été classés comme des cas confirmés ou probables de peste.

La majorité des cas signalés, 78%, étaient de la forme pneumonique de la peste. Le nombre de cas confirmés ou probables de peste pneumonique a doublé en moyenne tous les 5 jours entre le 13 septembre et le 9 octobre 2017. Le taux de létalité était plus élevé pour les cas confirmés de peste pneumonique (25 % — 8/32) et de peste bubonique (24 % — 16/66). La capitale, Antananarivo, et le principal port de l’île, Toamasina, ont été les plus touchés par l’épidémie de peste pneumonique.

Une épidémie de cette ampleur n’avait pas été observée à Madagascar depuis 20 ans. Plusieurs défis ont été relevés avec succès, non seulement en termes de réponse des autorités sanitaires du pays et des activités menées par le LCP, mais aussi en ce qui concerne la gestion et l’analyse des données épidémiologiques par les équipes de l’Institut Pasteur de Madagascar.

Dans l’ensemble, cette épidémie a mis en évidence les risques de réémergence et de propagation rapide de la peste pneumonique dans les zones urbaines. Des leçons importantes ont été tirées en termes de diagnostic clinique et biologique, de définition des cas, de surveillance et de fourniture d’une réponse coordonnée, et elles serviront de base précieuse pour améliorer l’investigation et la réponse lors de futures épidémies à Madagascar ou ailleurs dans le monde.

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