Angles

Introduction

  • 1 Pour plus d’informations sur ces écrits et sur les débuts populaires du mouvement écoféministe (…)

1L’écoféminisme a émergé à l’échelle mondiale au cours de la seconde moitié des années 1970 à partir du croisement des recherches sur la justice sociale et la santé environnementale. À cette époque, plusieurs textes révolutionnaires ont mis en lumière les points communs des structures oppressives fondées sur le genre, l’ethnicité, l’espèce et l’environnement, notamment The Lay of the Land d’Annette Kolodny et New Woman, New Earth : Sexist Ideologies and Human Liberation de Rosemary Radford-Ruether, tous deux publiés en 1975. Ces livres ont été suivis trois ans plus tard par Woman and Nature de Susan Griffin : The Roaring Inside Her de Susan Griffin, et Gyn/Ecology de Mary Daly : The Metaethics of Radical Feminism de Mary Daly. Puis, en 1980, Carolyn Merchant a publié The Death of Nature : Women, Ecology and the Scientific Revolution.1

2Les idées avancées par Mary Daly sont souvent classées comme appartenant au côté radical du féminisme, malgré le fait qu’elle ait établi un lien clair entre la pensée féministe et l’environnementalisme. Dans son titre, Daly mettait déjà à nu une réflexion liminaire sur les concepts de femmes et d’écologie. En rappelant les persécutions dont les femmes ont été victimes à différentes époques de l’histoire et dans différentes aires culturelles – comme le bandage des pieds en Chine, les mutilations génitales en Afrique ou la chasse aux sorcières en Europe – elle souligne l’existence d’un lien entre les problèmes de santé environnementale et féminine. Daly attire également l’attention sur une autre question : le langage, un sujet qu’elle juge beaucoup plus insidieux et difficile à exposer parce qu’il est trop souvent mis de côté comme étant une dispute stérile. Daly expose ce qu’elle considère comme les trois facettes d’un même problème : la médicalisation du corps des femmes dominée par les hommes, la nécessité de reconceptualiser nos relations avec les femmes ainsi qu’avec l’environnement, et l’imperfection du langage à laquelle Daly oppose la nécessité d’une orientation gyno-centrée du langage et de la pensée.

3La même année, dans un esprit un peu similaire, Susan Griffin publie Woman and Nature : The Roaring Inside Her. D’une manière qui rappelle celle de Daly, Griffin rompt avec le style académique traditionnel et produit un poème en prose passionné dans lequel elle expose l’hypocrisie de la pensée industrielle occidentale en ce qui concerne les femmes et l’environnement. Tout au long de l’ouvrage, l’auteur paraphrase et intègre à son écriture des textes d’origines très diverses, tels que des traités de gynécologie, des manuels de foresterie, des poèmes et des essais scientifiques. Le résultat est une puissante dénonciation de l’idée – présente dès le début de l’Antiquité occidentale – selon laquelle les femmes sont, soi-disant, plus proches de la nature et, par conséquent, sont vouées à être, comme la nature elle-même, soumises à la domination masculine.

4Comme Daly, Griffin s’attaque de front aux structures patriarcales. Elle déconstruit la voix du patriarcat de l’intérieur, démontrant comment elle peut être pleine de faux-fuyants, de préjugés et de malhonnêteté métaphysique. Ici aussi, l’auteur s’attaque au langage, qu’elle considère comme le pilier du système patriarcal. En exposant les incohérences du discours patriarcal et les présomptions qu’il parvient à créer à travers le langage, Woman and Nature révèle l’absurdité et l’autoritarisme de l’association discursive qui a contribué à subordonner tout ce qui ne rentrait pas dans la catégorie du « mâle blanc ». Dans son œuvre, Griffin brouille la catégorisation dualiste traditionnelle par une méthode polyphonique ainsi que par la nature même du livre : en partie traité académique, récit et poème. Ces caractéristiques sont à la fois la force et la faiblesse de ce travail.

5Ce qui s’est passé avec ce livre est similaire à ce qui s’est passé avec le mouvement écoféministe dans son ensemble. Le fait que le livre ne soit pas clairement classable comme étant soit un essai, un roman ou un poème – mais plutôt tout cela à la fois – a forcé le lecteur à repenser son rapport à la lecture et à ses outils d’analyse critique. Étudier ce livre de manière fragmentée en se concentrant, par exemple, uniquement sur son versant poétique ou essayiste est certes possible, mais il manque alors quelque chose. Ce texte doit être abordé de manière transgénique, et il en va de même pour le mouvement dont il est issu. Cette perspective englobante a entravé l’entrée du livre dans les cercles académiques : regardé comme pas assez conventionnel, considéré comme trop « radical » ou, pire, comme « essentialiste » – parce qu’il traitait le problème en rond – l’histoire du livre est très représentative du parcours de l’écoféminisme.

6Dans un style totalement différent mais non moins interdisciplinaire, Carolyn Merchant a publié The Death of Nature : Women, Ecology, and the Scientific Revolution en 1980. Son auteur est professeur d’histoire des sciences et d’éthique à l’université de Berkeley en Californie. Merchant définit le siècle des Lumières comme étant l’époque où la science a entrepris de fragmenter et de disséquer la nature. Elle affirme que cela a abouti à une conception de la nature comme inerte et vide, un simple vase prêt à accueillir la colonisation humaine, rappelant le corps féminin souvent considéré comme un récipient vide attendant le sperme masculin pour produire le miracle de la vie. En puisant dans les études croisées du féminisme social et de l’environnementalisme, La Mort de la nature permet de dresser un panorama historique complet de la raison pour laquelle la domination des femmes et l’exploitation de la nature ont des racines communes au sein du rationalisme scientifique et économique qui existe depuis le Moyen Âge.

7L’œuvre de Merchant, avec sa solide documentation historique, était alors aux prémisses de ce qu’on appelle aujourd’hui le « féminisme matériel ». Bien que leurs idées soient fondamentalement analogues, il semble que ce soit la forme que Daly et Griffin ont donnée à leurs travaux qui s’est avérée problématique. C’est particulièrement vrai pour Woman and Nature de Griffin, qui s’appuie sur un travail de recherche historique approfondi et une analyse complète des données historiques (ses sources sont souvent similaires à celles de Merchant). Malheureusement, le fait que l’écriture de Griffin ne soit pas représentative de l’écriture traditionnelle des essais a sapé l’effet des données qu’elle a utilisées. Son écriture exploite en grande partie la subjectivité en poussant le lecteur à ressentir l’injustice dont elle parle en l’imitant dans son style. Cela a donné lieu à un texte poétique d’une grande puissance, mais cela a également empêché la compréhension du sujet que l’auteur abordait. La forme du livre est aussi multiple et hétérogène que les sujets abordés par l’écoféminisme, et certaines branches de ce dernier peuvent sembler quelque peu sectaires. Cependant, les travaux universitaires fournis par les chercheurs écoféministes de divers domaines, ainsi que les récits écoféministes de fiction et de non-fiction, constituent une base solide pour un champ de recherche écoféministe transdisciplinaire, bien que la question même de la transdisciplinarité soit la véritable pomme de discorde.

Pas assez d’angles et trop de « limes »?

8Comme l’a montré l’exemple de Griffin, la transdisciplinarité de l’écoféminisme a été jugée problématique dès ses débuts. Rétrospectivement, il apparaît que cette incompréhension ne provenait pas de l’illégitimité du mouvement ou de son insignifiance mais plutôt de sa transdisciplinarité. En d’autres termes, l’attaque contre la transdisciplinarité de l’écoféminisme faisait partie d’une tentative générale de disqualifier l’approche écoféministe dans son ensemble. Par exemple, en juin 1992, les rédacteurs de la revue Signs ont refusé un article sur l’écoféminisme avec les arguments suivants : « L’écoféminisme semble s’intéresser à tout dans le monde ; le féminisme lui-même semble presque s’effacer dans le processus lorsqu’il contient tous les peuples et toutes les injustices, les mises au point et les différenciations perdent de leur intérêt » (reproduit dans Gaard 1993 : 32-3). Cet exemple illustre le fait que la variété des approches et des applications de l’écoféminisme représentait un problème pour les modes de pensée traditionnels.

9Cependant, quelques années plus tard, la théorie écoféministe a commencé à se solidifier au niveau mondial, en particulier aux Etats-Unis. Plusieurs anthologies révolutionnaires ont été publiées, la première d’entre elles étant Reclaim the Earth, éditée par Leonie Caldecott et Stephanie Leland en 1983. Ce premier volume véritablement transdisciplinaire permit de saisir l’étonnante diversité qui constituait l’écoféminisme :

Le volume de Caldecott et Leland jetait un pont sur la division ultérieure entre la théorie et l’activisme, offrant de la poésie aussi bien que de l’érudition, et des travaux d’une diversité de féministes, dont Wangari Maathai (Kenya) sur le Green Belt Movement, Rosalie Bertell (Canada) sur l’énergie nucléaire et la santé, Wilmette Brown (Royaume-Uni/États-Unis) sur l’écologie des ghettos noirs, Marta Zabaleta (Argentine) sur les Mères de la Place de Mai, le collectif Manushi (Inde) sur l’infanticide féminin et Anita Anand (Inde) sur le Chipko Andolan. (Estok et al. 2013 : 29)

10Bien qu’ils aient des objectifs similaires, la théorie et les mouvements de base fonctionnaient jusqu’alors de manière distincte. Reclaim the Earth a été le premier ouvrage à établir des liens durables entre les deux sphères d’action : l’activisme et la théorie. Deux articles publiés à la même époque démontrent le « trait global » du mouvement écoféministe. Dans « Deeper than Deep Ecology : the Eco-Feminist Connection » (1984), l’Australienne Ariel Salleh propose d’élargir la réflexion du mouvement de l’écologie profonde qu’elle juge trop centrée sur l’homme. Ses arguments soulignent ce qu’une approche combinée de l’environnementalisme et du féminisme pourrait apporter à l’écologie dans son ensemble, expliquant qu’elle permettrait un traitement plus éthique de tous les êtres vivants. En 1986, la sociologue allemande Maria Mies a publié « Patriarchie et accumulation à l’échelle mondiale », dans lequel elle a renforcé la théorie qu’elle n’avait appliquée qu’à ses études sur les conditions de vie des femmes en Inde. Six ans auparavant, Mies avait publié un livre dans lequel elle dénonçait les difficultés rencontrées par les femmes indiennes pour lutter contre l’esprit patriarcal extrêmement actif du pays (Mies 1980). Cet intérêt pour l’application des analyses écoféministes au pays indien a permis la collaboration de Mies avec une autre écoféministe de renom, Vandana Shiva.

11Très représentatifs de l’éparpillement géographique des chercheurs écoféministes, ces articles ont également ouvert la voie à deux autres qui ont été cruciaux pour le mouvement : « Ecofeminism : an overview and discussion of positions and arguments » (1986) par Val Plumwood, et « Feminism and Ecology : Making Connections » par Karen Warren. Ces deux contributions se concentrent sur la nécessité de comprendre les liens entre le féminisme et l’écologie et commencent à établir une pensée écoféministe plus cohérente. Grâce à ces travaux, Karen Warren a ensuite développé sa « logique de la domination » (Warren 1990 : 126-132), que Val Plumwood a décrite comme la théorie du « modèle maître » (Plumwood 1993 : 23). Ces idées étaient centrales à l’écoféminisme car c’est ainsi que les liens qui existaient principalement au sein du patriarcat capitaliste entre la dégradation de l’environnement et l’oppression due au genre, à l’ethnie, à la classe sociale ou à l’orientation sexuelle ont été rendus visibles par une analyse environnementale et féministe.

12Cette analyse a mis en lumière une double relation entre la nature et les femmes (ou d’autres êtres considérés comme des « Autres féminisés »). Premièrement, dans une plus grande partie du monde, les femmes semblent souffrir plus durement de la dégradation de l’environnement en raison de la division sexuelle du travail qui impose aux femmes le rôle de gardienne. Le fait que ces femmes soient chargées de trouver du bois de chauffage, d’apporter de l’eau à la maison, de fouiller ou de trouver de la nourriture, etc., les place en première ligne pour ressentir les contraintes croissantes des changements environnementaux (en devant marcher de plus en plus loin pour trouver du bois et de l’eau par exemple). Cette analyse est confirmée par les données recueillies et présentées dans Women and Environment in the Third World (1988), par Joan Davidson et Irene Dankelman et dans Staying Alive : Women, Ecology and Development (1989) par Vandana Shiva.

13L’autre lien entre les femmes et la nature existerait au niveau conceptuel. Ce lien a été articulé de manière très divergente, c’est pourquoi il est difficile à expliquer dans son ensemble. Le cœur du problème résiderait dans le mode de pensée hiérarchique et binaire des sociétés occidentales, ou des sociétés influencées par l’Occident. Ces structures conceptuelles ont un ascendant sur la façon dont le monde est perçu et organisé. Les structures binaires créent des couples dont l’un est toujours dévalorisé conceptuellement par rapport à l’autre. De plus, l’autre dévalorisé est presque toujours perçu comme étant plus proche de la nature et plus féminisé que l’autre moitié de la paire (par exemple, raison/émotion ou civilisé/sauvage). Ces structures binaires apparaissent comme justifiées, parfois même naturelles, alors que, selon les écoféministes, une réévaluation de notre perception philosophique et conceptuelle permet de mieux comprendre la façon dont elles ont, en fait, été construites socialement et culturellement et se renforcent mutuellement.

14Dans les années 1990, l’écoféminisme n’est plus un champ balbutiant mais plutôt une théorie critique qui peut s’appliquer à divers domaines, qu’ils soient philosophiques, sociologiques ou sémantiques. Sous l’influence de Murray Bookchin, Janet Biehl et Ynestra King ont commencé à développer un « écoféminisme social », une notion très proche de ce que l’on appelle aujourd’hui le « biorégionalisme ». En 1989, Carolyn Merchant a publié Ecological Revolutions. Nature, Gender and Science in New England ; Barba Noske, Humans and Other Animals : Beyond the Boundaries of Anthropology et Judith Plant, Healing the Wounds : The Promise of Ecofeminism. Les deux premiers retracent, sur le mode classique de l’essai, les évolutions de la pensée écoféministe ainsi que la volonté du mouvement de combattre le binarisme traditionnellement en jeu dans les sociétés occidentales afin de rendre visibles les schémas de domination interdépendants. Ce faisant, ces écrits ont fait avancer ce que les travaux de personnes comme Merchant, Plumwood, Salleh, Radford-Ruether et Mies avaient commencé à faire, en montrant à quel point une vision conjointement axée sur le genre et l’environnement pouvait être enrichissante.

15Les anthologies publiées en 1989 et 1990 ont confirmé l’importance de certains de ses participants, dont les travaux sont rapidement devenus des clés de voûte au sein du mouvement écoféministe : Shiva (1988), Kheel (1988), King (1989), Spretnak (1982), Starhawk (1979, 1982) ou Radford Ruether (1983). Ces deux ouvrages proposaient des essais relatifs à la déconstruction de la pensée binaire ainsi que des poèmes, des articles universitaires, des mythes philosophiques, etc. D’autres ouvrages ont continué à renforcer ces idées, comme The Dreaded Comparison de Marjorie Spiegel (1988), The Rape of the Wild d’Andrée Collard et Joyce Contrucci (1989), dans la lignée de The Lay of the Land de Kolodny (1975). En s’intéressant aux structures corrélatives de la science et de la technologie, du militarisme et de la chasse, de l’esclavage et de la domesticité, Collard et Contrucci rendent compte de la manière dont le langage, les religions monothéistes et les cultures patriarcales légitiment un rapport au monde fondé, voire construit, sur la domination et la conquête.

Une entrave à la « globalité »

  • 2 L’écoféminisme culturel est la branche spirituelle du mouvement, aussi parfois appelé Godde (…)

16La dernière décennie du XXe siècle a vu un flux régulier de publications qui ont à la fois renforcé et affaibli l’écoféminisme. La diversité des points de vue a fait de l’écoféminisme une idéologie qui devait être abordée dans son ensemble, ce qui a précisément découragé les personnes initialement intéressées par ses idées. Les quelques personnes qui défendaient ce que l’on a appelé « l’écoféminisme culturel « 2 ont discrédité l’ensemble du mouvement en le faisant apparaître comme une célébration essentialiste d’un lien biologique/naturel entre les femmes et la nature :

En se concentrant sur la célébration de la spiritualité des déesses et la critique du patriarcat avancées dans l’écoféminisme culturel, les féministes poststructuralistes et d’autres féministes de la troisième vague ont dépeint tous les écoféminismes comme une équation exclusivement essentialiste des femmes avec la nature, discréditant la diversité des arguments et des points de vue de l’écoféminisme…. (Gaard 1992 : 32)

17Cependant, un grand nombre d’écrits ont poursuivi ce que les travaux de la décennie précédente avaient commencé, à savoir : condamner l’association entre les femmes, la féminité et la nature, et exposer celle-ci comme le résultat d’une construction sociale. Les travaux académiques ont apporté la preuve que ces constructions sociales, comme la société dont elles sont issues, sont ancrées dans le contexte et mobiles, et non pas anhistoriques et fixes comme le prétendent les écoféministes culturels. Dans une perspective nouvellement matérialiste, les travaux de penseurs tels que Lori Gruen (1993), Donna Haraway (1991) et Irene Diamond (1994) ont analysé la structuration du lien conceptuel entre les femmes et la nature. À ce titre, la théorie écoféministe des années 1990 a franchi une étape supplémentaire non seulement en mettant en lumière les différents liens existant entre les structures oppressives, mais aussi en concentrant son analyse sur la structure même de l’oppression.

  • 3 Le terme « spécisme » est généralement utilisé pour désigner la « suprématie humaine » : l’idée selon laquelle (….)

18Toutes ces recherches tendaient à mettre en évidence l’existence d’une logique unique de domination appliquée de manière analogique à des groupes variés, identifiés selon les disjonctions dualistes sur lesquelles reposait la pensée capitaliste patriarcale euro-américaine. Cette logique de domination était au cœur du colonialisme, du racisme, du sexisme et de ce qu’on appelle aujourd’hui le « spécisme » ou le « naturisme ».3 Puisque toutes ces formes d’oppression sont liées par la conceptualisation qui les sous-tend, les écoféministes affirment que les questions telles que le féminisme, l’environnementalisme, l’antiracisme, etc. devraient toutes être combattues ensemble:

Les écoféministes insistent sur le fait que le type de logique de domination utilisé pour justifier la domination des humains par le sexe, la race ou l’ethnie, ou le statut de classe est également utilisé pour justifier la domination de la nature. Parce que l’élimination d’une logique de domination fait partie d’une critique féministe – qu’il s’agisse d’une critique du patriarcat, de la culture suprématiste blanche ou de l’impérialisme – les écoféministes insistent sur le fait que le naturisme doit être considéré comme faisant partie intégrante de tout mouvement de solidarité féministe visant à mettre fin à l’oppression sexiste et à la logique de domination qui la fonde conceptuellement. Parce que, en fin de compte, ces liens entre le sexisme et le naturisme sont conceptuels – ancrés dans un cadre conceptuel oppressif – la logique du féminisme traditionnel conduit à embrasser le féminisme écologique. (Warren 1990 : 130)

19Selon Karen Warren, c’est l’une des raisons qui servent à justifier la lutte commune de l’environnementalisme et du féminisme sous la forme de l’écoféminisme. Une autre raison peut également être trouvée dans la manière dont le genre et la nature ont tous deux été conceptualisés au sein de la société patriarcale occidentale :

De même que les conceptions du genre sont socialement construites, les conceptions de la nature le sont également. Bien sûr, l’affirmation selon laquelle les femmes et la nature sont des constructions sociales n’oblige personne à nier qu’il existe des humains réels et des arbres, des rivières et des plantes réels. Elle implique simplement que la façon dont les femmes et la nature sont conçues est une question de réalité historique et sociale. Ces conceptions varient selon les cultures et les époques. Par conséquent, toute discussion sur « l’oppression ou la domination de la nature » implique une référence à des formes historiquement spécifiques de domination sociale de la nature non humaine par les humains, tout comme la discussion sur la « domination des femmes » fait référence à des formes historiquement spécifiques de domination sociale des femmes par les hommes. implique de montrer qu’au sein du patriarcat, la féminisation de la nature et la naturalisation des femmes ont été cruciales pour les subordonnements historiquement réussis des deux. (Warren 1990 : 131)

20Cependant, malgré l’apparente solidité du fondement théorique des idées écoféministes, des antagonismes sérieux ont commencé à apparaître avec des accusations d’essentialisme. Certains auteurs ont été classés comme « dangereux » parce que leur travail a été jugé trop universalisant ou parce qu’il semblait soutenir l’idée qu’il y avait une nature féminine universelle ou une féminité biologiquement déterminée.

21Les points précis de la controverse concernant la tendance essentialiste de l’écoféminisme sont devenus si complexes que répéter chaque détail de la controverse nous détournerait de l’objectif de cet article. Dans un effort pour tenir à distance les allégations essentialistes, un grand nombre de chercheurs féministes et écoféministes ont déprécié l’écoféminisme en général. Dans « Ecofeminism Revisited : Rejecting Essentialism and Re-Placing Species in a Material Feminist Environmentalism », Greta Gaard propose une synthèse intéressante des diverses discussions sur le prétendu essentialisme de certaines approches écoféministes des années 1990. Dans un autre article, « Misunderstanding Ecofeminism », elle explique comment les attaques répétées que l’écoféminisme a dû subir proviennent, selon elle, d’un malentendu :

Le refus de prendre l’écoféminisme au sérieux dans les cercles du discours féministe standardisé a pris deux formes : premièrement, l’écoféminisme est erroné ; deuxièmement, l’écoféminisme n’est pas pris au sérieux parce que pour le faire, il faudrait repenser toute la structure du féminisme. Comme ces explications s’excluent mutuellement, elles ne peuvent être toutes deux vraies. Il convient de noter que le fait de tenir simultanément pour vraies deux croyances contradictoires est une sorte de double pensée qui caractérise les systèmes oppressifs et sert à maintenir les classes défavorisées paralysées par le paradoxe. Le fait que le féminisme établi utilise maintenant cette stratégie témoigne du statut hégémonique que le féminisme a atteint – et donc, un signal de prudence quant à la crédibilité qu’il devrait avoir. On pense généralement que l’écoféminisme est « mauvais » parce que les critiques ont dépeint la théorie comme étant fondée sur le lien femme/nature : Mais cette accusation ne peut être portée que par un simple malentendu, une ignorance pure et simple ou une déformation volontaire de la réalité (Gaard 1992 : 21)

  • 4 Pour n’en citer que quelques-uns : Marxiste, libéral, libéral égalitaire, postmoderne, radical, matérialiste, radic (…)

22En replaçant les accusations d’essentialisme dont l’écoféminisme a fait l’objet dans le contexte historique plus large des mouvements féministes des cinquante dernières années, on remarque qu’un débat similaire a été mené au sein des courants de pensées féministes dont l’écoféminisme est issu. Parmi les nombreuses branches du féminisme4, certains courants sont dits  » différentiels  » ou  » culturels  » car ils prédisent une nature biologiquement déterminée (par opposition au point de vue constructionniste social mis en avant par d’autres féminismes), et prônent une nécessaire reconnaissance d’une expérience de vie féminine.

23Bien que les mouvements féministes plus généraux aient inlassablement désavoué ces idées, il faut les prendre en considération lorsqu’on essaie de contextualiser historiquement les mouvements féministes en général – ne serait-ce que pour reconnaître qu’elles ne sont qu’une petite partie d’un ensemble beaucoup plus vaste, et qu’elles ne doivent en aucun cas s’y substituer. Il est important de garder à l’esprit qu’il en va de même pour les idées défendues par l’écoféminisme culturel qui ne représente qu’une petite partie d’un mouvement plus vaste. De même qu’on ne peut rejeter toutes les formes de féminisme sous prétexte que certaines de ses branches sont différentielles ou culturelles, on ne peut rejeter l’ensemble des idéologies écoféministes pour la seule raison que certains de ses défenseurs fondent leurs prémisses sur  » l’existence d’un lien présupposé  » (Brugeron 2009 : 1) entre l' » éco  » et le  » féminin  » qui lie la nature et les caractéristiques biologiques des femmes.

24Utiliser les caractéristiques spécifiques d’une branche culturelle ou spirituelle distincte d’un mouvement pour les présenter comme des qualités inhérentes au courant de pensée plus général est une démarche que l’on pourrait elle-même qualifier d’essentialiste, puisqu’elle revient à  » dénaturer la partie pour le tout  » (Gaard 1992 : 21). En tant que tel, il apparaît que la plupart des mouvements féministes qui ont rejeté l’écoféminisme dans son intégralité en raison d’une confusion entre une partie et le tout ont en fait appliqué la même pensée des systèmes patriarcaux qu’ils ont essayé de combattre depuis le début.

25Cela illustre ce que le mouvement écoféministe reproche aux mouvements féministes et environnementalistes : ils reproduisent la structure de pensée dualiste exacte (et donc aussi la logique de domination sous-jacente) qu’ils ont l’intention de combattre dans les systèmes patriarcaux et anthropocentriques. Cette reproduction des  » dualités hiérarchiques de valeurs « , terme utilisé par Warren (1993 : 255), imite les dichotomies rejetées par la plupart des mouvements féministes telles que corps/esprit, femme/homme, émotion/raison, etc. et que les chercheurs écoféministes ont étendu à d’autres structures dualistes telles que nature/culture, blanc/non-blanc, humain/non-humain, etc. Si l’on suit les théories de Warren et Plumwood, entre autres, selon lesquelles un classement dans l’une ou l’autre catégorie incite à une coalescence conceptuelle des différentes composantes de ces dichotomies, la dichotomie essentialiste/constructionniste entraîne le discrédit de l’ensemble du mouvement écoféministe puisqu’il est alors associé au naturel (catégorie généralement conspuée) par opposition au culturel.

26De la même manière qu’une analyse uniquement socialiste ou féministe pourrait être considérée comme réductrice en ce qu’elle n’aborde qu’un côté d’une question qui a évidemment différentes facettes, nous devons nous demander, à la lumière de la crise sociale et environnementale actuelle, si la dichotomie essentialiste/constructionniste reste légitime comme approche de l’écoféminisme. Cette question a été posée dès 1989 par Diana Fuss dans son livre Essentially Speaking : Feminism, Nature & Difference, mais l’importance des idées de Fuss a été balayée par le tumulte de la peur que le mot « essentialiste » a créé autour du mouvement écoféministe. Fuss prônait un retrait de l’opposition entre essentialisme et constructionnisme car elle considérait que celle-ci était à l’origine de nombreuses réactions négatives à l’égard des féminismes et des écoféminismes au cours des dernières décennies :  » on peut aussi soutenir que cette même dispute a créé l’impasse actuelle du féminisme, une impasse fondée sur la difficulté de théoriser le social par rapport au naturel, ou le théorique par rapport au politique  » (Fuss 1990 : 1).

27Selon elle, le problème soulevé par cette dichotomie ne vient pas de la qualité essentialiste réelle d’une idée, mais du soupçon d’essentialisme, qui paralyse complètement la poursuite de l’analyse :

Peu d’autres mots dans le vocabulaire de la théorie critique contemporaine sont si constamment calomniés, si peu interrogés, et si prévisiblement convoqués comme terme de critique infaillible. Le simple pouvoir rhétorique de l’essentialisme en tant qu’expression de désapprobation et de dénigrement a récemment été mis en scène dans ma classe lorsque l’une de mes étudiantes les plus sophistiquées sur le plan théorique, avec tout le poids de la récente théorie féministe derrière elle, a cherché à me persuader que le texte marxiste-féministe que j’avais assigné ne méritait pas que nous l’examinions sérieusement. Ma réponse à l’accusation de cette étudiante pourrait également servir de clé de voûte à ce livre : en soi, l’essentialisme n’est ni bon ni mauvais, ni progressiste ni réactionnaire, ni bénéfique ni dangereux. La question que nous devrions poser n’est pas « ce texte est-il essentialiste (et donc « mauvais ») ? » mais plutôt « si ce texte est essentialiste, qu’est-ce qui motive son déploiement ? » Comment le signe  » essence  » circule-t-il dans les différents débats critiques contemporains ? Où, et comment, et pourquoi est-il invoqué ? Quels sont ses effets politiques et textuels ? Ce sont là, à mon sens, les questions les plus intéressantes et, en définitive, les plus difficiles. (Fuss xi)

28En bref, si l’on comprend les théories écoféministes comme l’aveu tacite d’un lien biologique entre les femmes et la nature, le mouvement pourrait bien sûr apparaître comme nuisible à la fois à un changement de la condition féminine et à une évolution de l’exploitation abusive de la nature au sein des sociétés occidentales industrielles. Cependant, plutôt que de se détourner des nouvelles théories sous prétexte que certains de leurs défenseurs pourraient, peut-être, faire preuve d’essentialisme, il serait plus intéressant de poser la question d’un point de vue critique afin de savoir si cet essentialisme pourrait être intéressant dans le nécessaire renouvellement de nos conceptions du monde. Si la réponse est négative, nous aurions alors une raison solide de ne pas nous intéresser aux idées exprimées dans ces textes. Mais, s’il existe la moindre possibilité que la réponse soit oui (« oui, même ces textes essentialistes pourraient être intéressants pour le renouvellement de nos conceptions du monde »), ne risquons-nous pas de perdre un élément important en rejetant tout un courant de pensée simplement à cause de quelques « esprits libres » en son sein ? À voir l’hostilité avec laquelle l’écoféminisme a été accueilli, à un moment donné, il a effectivement semblé que le monde universitaire était prêt à prendre le risque de perdre des éléments importants au sein de la pensée écoféministe, bref, il a semblé que le monde universitaire était prêt à jeter le bébé avec l’eau du bain.

Quand la littérature permet de faire amende honorable

29En 1998, Patrick D. Murphy et Greta Gaard ont coédité Ecofeminist Literary Criticism : Theory, Interpretation, Pedagogy, une version enrichie du numéro spécial qu’ils avaient édité sur le même sujet pour la revue ISLE : Interdisciplinary Studies in Literature and Environment en 1996. Cette convergence des théories militantes et littéraires offre une diversité d’analyse qui puise dans l’histoire écologique féministe afin de multiplier les voies de mise en pratique de la critique littéraire écoféministe. Contrairement à d’autres ouvrages théoriques qui taisent le côté  » essentialiste  » problématique de l’écoféminisme culturel, les deux éditrices ont abordé la grande variété de points de vue au sein du mouvement et ont fait référence à ces problèmes qui se sont posés en matière d’écoféminisme culturel dès l’avant-propos de l’ouvrage. Cependant, plutôt que de considérer que ces problèmes doivent être écartés afin de mieux comprendre le reste du mouvement, les éditeurs se concentrent sur le fait que la variété est un ingrédient nécessaire au sein du mouvement écoféministe qui ne doit pas être écarté à cause de quelques points de vue divergents.

30La critique littéraire qui s’est développée depuis lors à partir de la théorie sociale écoféministe avait une importance spécifique pour diverses raisons : tout d’abord, elle offrait la possibilité de laisser derrière elle les débats stériles susmentionnés concernant l’essentialisme et, plus important encore, elle soulevait ces questions qui, selon Diana Fuss, pourraient rendre nos approches critiques plus complètes et, par conséquent, plus adaptées à une nouvelle façon d’habiter le monde. Alors qu’un nombre croissant de chercheurs semblaient se détourner de l’écoféminisme – ou du moins éviter d’utiliser le terme pour ne pas être déconsidérés -, cette nouvelle utilisation des théories écoféministes a permis un retour en grâce du mouvement dans son ensemble. Si la grande diversité des approches et des usages possibles avait poussé certains à prédire la fin de l’écoféminisme, le tournant du XXIe siècle a vu naître un usage encore inexploré.

31Même si Gaard et Murphy sont à l’origine de la soi-disant « critique littéraire écoféministe » et ont été les premiers à utiliser l’écoféminisme comme un nouveau moyen de pratiquer l’analyse littéraire critique, il est important de noter qu’Annette Kolodny (1975, 1984) et Susan Griffin (1978) avaient toutes deux déjà produit des analyses littéraires prenant l’écoféminisme comme point de départ.

32Il est vrai que la littérature offre ce que nous pourrions appeler un domaine fermé à l’intérieur duquel il est possible de mettre en pratique les théories écoféministes d’une manière qui semble moins problématique à nos esprits critiques. Appliqués à la littérature, les angles des catégories avec lesquelles nos esprits fonctionnent sont moins déchirés dans la liminalité que lorsqu’ils sont appliqués à la philosophie sociale pratique de l’écoféminisme. Étant donné le champ d’application réduit – qu’il s’agisse de littérature écoféministe ou de critique littéraire -, il semble plus facile d’accepter ces idées lorsqu’elles s’appliquent à un texte plutôt que lorsqu’elles se rapportent à une vision globale du monde. La subjectivité (le mot ne doit pas nous faire trembler) qui entre en jeu (que ce soit dans l’écriture ou l’analyse d’un texte, ou même dans le simple choix d’un texte) permet d’accepter les idées écoféministes de manière moins problématique. En effet, ce qui est pris en compte est la perception du monde par un auteur. En tant que telle, elle peut être considérée comme moins controversée, car accepter ces mots comme véridiques, exacts ou précieux devient alors une question subjective, une question personnelle. D’une part, l’analyse d’un texte permet de simplifier la façon dont on aborde le mouvement écoféministe, et d’autre part, elle permet également de mieux comprendre les idées mises en avant par l’écoféminisme :

La littérature, par sa définition même dans notre société, a été utilisée pour rendre la théorie pratique, pour transformer la philosophie complexe en expérience concrète à travers l’imagination. Puisque l’écoféminisme se propose d’être un mode de vie plus qu’une théorie, la littérature semble un médium naturel pour diffuser ses idées et ses pratiques. En incorporant les principes de l’écoféminisme dans la littérature, les gens peuvent découvrir des pistes de discussion menant à une application pratique de ses théories. Mais la première étape consiste à sensibiliser les gens aux problèmes et à l’interconnexion de la vie, aux causes et aux effets, et à la nécessité d’assumer la responsabilité personnelle des conséquences de nos actions. (Bennett 2012 : 10)

La littérature comme point de départ d’une nouvelle transdisciplinarité

  • 5 Voir par exemple les travaux de Brenda Peterson, Linda Hogan, Terry Tempest Williams, Margaret Atwo (…….)

33La création de récits littéraires contenant des idées écoféministes a fleuri5 alors que la théorie qui tentait de maintenir la cohésion du mouvement socio-critique semblait se débattre. Les disputes qui ont fait rage à l’intérieur du mouvement écoféministe à cause du problème du langage et des dichotomies qu’il ne cesse de véhiculer, ont conduit certains de ses défenseurs à se disperser sous diverses nouvelles dénominations : féminismes matériels, écologie queer, environnementalisme féministe, justice environnementale féministe globale, etc. Bien que leur approche méthodologique puisse différer légèrement de ce qu’était la théorie écoféministe au départ, il est important de noter que les idées fondamentales sont restées inchangées. Leur objectif principal est toujours de se concentrer sur la nature interdépendante des structures oppressives et discriminatoires en matière de classe sociale, de genre, d’orientation sexuelle, de justice environnementale ou de relations inter-espèces, afin de condamner les systèmes d’oppression et de catégorisation qui sont au cœur de la crise sociale et écologique actuelle. S’il est un domaine dans lequel l’écoféminisme a continué d’exister malgré l’éparpillement apparent de ses praticiens d’origine, c’est bien celui de l’environnement littéraire qui s’est développé autour de lui, au sein duquel il s’est renforcé pour être pris au sérieux par les milieux universitaires et académiques, à commencer par les États-Unis, en partie grâce au fait qu’un grand nombre de ses écrivains et de ses défenseurs sont également des enseignants actifs. En évitant les théories sociales de l’écoféminisme comme point d’entrée dans le mouvement, l’environnement littéraire autour de l’écoféminisme échappe aux controverses essentialistes qui ont affecté le côté théorique :

Plutôt que de simplement critiquer ou inverser les binaires, la narration affective crée une fondation pour une redéfinition de l’humain ; se concentrer sur les expériences qui impliquent une interaction complexe entre l’esprit et le corps, ou entre l’humain et l’environnement, détruit l’illusion de leur séparation et permet de considérer la participation humaine dans des relations dynamiques avec la nature non-humaine. (Estok et al. 2013 : 11)

34En tant que jeune chercheuse travaillant sur l’écoféminisme, j’ai été témoin d’un changement important au sein de mon propre domaine de recherche, à savoir les études américaines et anglophones. Mon travail est passé d’une réception comme quelque chose de totalement étranger et potentiellement dangereux à un nouveau sujet à la mode, le next best thing. Ce nouveau succès est confirmé par le fait que les textes écoféministes entrent (bien que lentement) dans le corpus académique ou par de nouveaux projets passionnants tels que la nouvelle collection « Sorcières » de la maison d’édition Cambourakis qui illustre comment la littérature peut s’avérer utile pour diffuser des idées. Un grand nombre de conférences et de symposiums internationaux ont traité de sujets liés à l’écocritique, à l’écocritique féministe et donc, par extension, à l’écoféminisme – et d’autres sont en cours d’organisation. L’écoféminisme peut être considéré comme un outil critique transdisciplinaire prometteur qui continue, que ce soit sur le plan littéraire, social ou environnemental, à insister sur la pluralité des angles et sur la liminalité des limes, afin que la recherche soit pleinement représentative de la diversité culturelle et biologique de la planète.

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