Bataille du château d’Itter
Bataille du château d’Itter, engagement militaire de la Seconde Guerre mondiale au cours duquel des soldats américains ont joint leurs forces à celles de troupes allemandes renégates pour repousser un assaut des Waffen-SS sur une place forte du Tyrol, en Autriche, où des personnalités politiques françaises d’élite étaient retenues prisonnières par les nazis. La bataille a eu lieu le 5 mai 1945, trois jours seulement avant la fin officielle de la guerre en Europe. On pense que c’est la seule fois où Américains et Allemands ont combattu en tant qu’alliés pendant la Seconde Guerre mondiale.
Le château Itter (en allemand : Schloss Itter) dans les Alpes autrichiennes existait en tant que forteresse depuis au moins le 13e siècle et a été reconstruit en 1532. Il a été rénové en 1878 et est devenu un hôtel au début du 20e siècle. En 1940, après l’Anschluss qui a fait entrer l’Autriche dans le Troisième Reich, le château a été loué au gouvernement allemand. En 1943, il est passé sous le contrôle administratif de Dachau, un camp de concentration situé à environ 145 km de là, et a été transformé en un centre de détention SS spécial pour les prisonniers qui avaient une valeur potentielle en tant qu’otages.
Les derniers prisonniers du château Itter étaient pour la plupart des hommes français âgés qui avaient été de hauts fonctionnaires avant de tomber en disgrâce avec la France de Vichy ou le Troisième Reich. Deux prisonniers étaient d’anciens premiers ministres français : Édouard Daladier, qui avait signé les accords de Munich mais avait été arrêté en exil africain, et Paul Reynaud, qui s’était toujours opposé à l’Allemagne. Les anciens généraux Maxime Weygand, qui a été surpris en train de tenter de fuir le pays en 1942, et Maurice Gamelin, qui a résisté sans succès à l’avancée allemande au printemps 1940, sont également détenus au château. Parmi les autres prisonniers notables, citons Léon Jouhaux, un syndicaliste qui s’était opposé au gouvernement de Vichy, Jean-Robert Borotra, un champion de tennis qui avait été ministre des Sports de Vichy avant de se brouiller avec le régime, François de La Rocque, un ancien orateur fasciste arrêté après avoir rompu avec les collaborationnistes, et Michel Clemenceau (fils de feu le Premier ministre Georges Clemenceau), qui s’était récemment retourné contre le régime de Vichy. En outre, plusieurs femmes ont été incarcérées avec leurs conjoints ou partenaires, et deux personnes – une sœur du général Charles de Gaulle et un parent du général Henri Giraud – ont été détenues en raison de leurs liens familiaux avec des ennemis du régime.
Les prisonniers occupaient des cellules transformées en chambres d’hôtel et disposaient d’un personnel de service venu de Dachau. Ils avaient une nourriture adéquate et étaient libres de se promener dans leur enceinte. Néanmoins, ils en sont venus à craindre pour leur vie en 1945, alors que l’Allemagne perdait rapidement du terrain dans la guerre. Le commandant de Dachau s’est réfugié au château d’Itter alors que le camp était libéré par les troupes américaines, mais il s’est suicidé le 2 mai. Deux jours plus tard, le commandant et les gardes du camp de Castle Itter abandonnèrent leurs postes, laissant les prisonniers en charge mais incapables de partir car des Allemands hostiles restaient à proximité. Les prisonniers avaient déjà envoyé leur homme à tout faire yougoslave, Zvonimir Čučković, chercher de l’aide auprès des Américains qui avançaient. Čučković prend contact avec les troupes américaines d’Innsbruck, mais le château ne relève pas de la juridiction militaire de leur division. Au mépris des ordres, le major John T. Kramers dépêche un petit groupe de secours.
Inconnaissant le sort de Čučković, les prisonniers d’Itter envoyèrent un second émissaire, le cuisinier, Andreas Krobot. Celui-ci rencontra le major Sepp Gangl, un officier de la Wehrmacht qui avait abandonné la cause nazie et dirigeait une petite bande de soldats allemands. Gangl prend alors contact avec le capitaine Jack C. Lee Jr, un commandant de chars américain, et les deux officiers se rendent furtivement au château et partent en reconnaissance. De retour avec son unité, Lee organise un groupe de secours, mais aucun char autre que le sien ne parvient à regagner le château.
Prenant en charge la défense du château, Lee se prépare à résister à un siège. Son petit groupe compte sur l’aide des hommes de Gangl et du capitaine Kurt-Siegfried Schrader, un officier de la Waffen-SS qui, comme Gangl, en est venu à rejeter le nazisme. L’assaut attendu de la Waffen-SS eut lieu le matin du 5 mai 1945. Certains des prisonniers participèrent à la défense du château, en brandissant des armes légères laissées par leurs gardiens. Les attaquants de la Waffen-SS ont tué Gangl, détruit le char de Lee et endommagé les murs du château. Alors que les munitions des défenseurs étaient sur le point d’être épuisées, une colonne de chars organisée par Kramers est finalement arrivée dans l’après-midi et a dispersé les attaquants. Lee a finalement reçu la Distinguished Service Cross pour son héroïsme.