Carcinome à cellules claires et papillaires du rein non associé à l’insuffisance rénale terminale : corrélation clinicopathologique avec caractérisation immunophénotypique et moléculaire élargie d’une grande cohorte en mettant l’accent sur la relation avec la tumeur angiomyoadénomateuse rénale
Le carcinome à cellules claires-papillaires du rein (CC-Pap RCC) est une tumeur rénale récemment décrite, initialement rapportée dans le cadre d’une insuffisance rénale terminale (ESRD). Il présente des caractéristiques morphologiques et immunohistochimiques uniques qui le différencient du CCR à cellules claires et du CCR papillaire, plus courants. Récemment, ces tumeurs ont également été décrites dans un contexte sporadique. Nous avons étudié 64 cas de RCC CC-Pap non associés à l’IRT (57 RCC CC-Pap et 7 cas présentant des caractéristiques de tumeurs angiomyoadénomateuses rénales dont 5 initialement diagnostiqués comme tels). Les caractéristiques morphologiques de tous les cas et le profil immunohistochimique de 59 cas ont été étudiés ainsi que les caractéristiques cliniques et moléculaires de 30 et 12 cas, respectivement. Toutes les tumeurs étaient bien circonscrites avec une taille moyenne de 2,6 cm et présentaient un large éventail de motifs architecturaux, généralement mixtes, notamment tubulaires (77 %), papillaires (62 %), tubulocystiques (52 %) et compacts imbriqués (21 %). Soixante-treize pour cent des cas présentaient des zones dans lesquelles les noyaux tumoraux avaient une orientation distincte par rapport à la membrane basale. Quatre-vingt-douze pour cent des cas présentaient un faible grade nucléaire de Fuhrman (grade nucléaire 2 %-86 %, et grade nucléaire 1 %-6 %) ; toutefois, 8 % des cas présentaient des foyers de grade nucléaire 3 de Fuhrman. Dans 4 cas, la tumeur épithéliale représentait <5% de la tumeur ; >95% de la tumeur était kystique ou hyalinisée. Le stroma variait de minime à parfois proéminent, myxoïde à hyalinisé et rarement avec des fibres amianthoïdes organisées ou des faisceaux de muscles lisses bien définis. Le stade pathologique a été attribué de manière fiable dans 60 cas, dont 93,3 % (56 cas) étaient pT1, 3,3 % (2 cas) étaient pT2, et 3,3 % (2 cas) étaient pT3a avec extension dans la graisse périnéphrique. Un cas présentait une nécrose coagulante ; des modifications sarcomatoïdes et une invasion vasculaire n’ont pas été identifiées. Les tumeurs présentaient un immunoprofil assez typique caractérisé par une positivité pour CK7 (100%), HMCK (96%), CAIX (94%) et vimentine (100%) avec une négativité pour AMACR, RCC et TFE3 ; CD10 était positif dans 24%. Aucun des cas testés ne présentait de déséquilibres chromosomiques récurrents par caryotypage virtuel, hybridation in situ en fluorescence ou analyse de perte d’hétérozygotie 3p. Des mutations du gène VHL ont cependant été notées dans 3 cas (2 dans l’exon 1 et 1 dans l’exon 3). Des informations sur le suivi clinique étaient disponibles pour 47% des patients, avec un suivi moyen et médian de 47 et 37 mois, respectivement (fourchette, 18 à 108 mo). Un cas est survenu dans le cadre d’un syndrome VHL et de kystes bénins multiples. Aucun des cas n’a présenté de récidive locale, de métastase ou de décès dû à la maladie. La morphologie, l’immunophénotype et les études moléculaires n’ont pas varié entre les cas typiques, ceux présentant un muscle lisse proéminent (dits RAT) et les données publiées historiquement sur les cas survenant dans le cadre de l’ESRD. Notre analyse confirme que le CC-Pap RCC est un sous-type unique de néoplasie épithéliale rénale adulte dans lequel les tumeurs sont souvent petites, de faible grade nucléaire et de stade pathologique bas, et ont un pronostic extrêmement favorable à court et moyen terme. Les tumeurs survenant sporadiquement, avec un stroma musculaire lisse proéminent (appelé RAT), et survenant en cas d’IRT sont dans le spectre de la même catégorie de tumeurs.