Les probiotiques peuvent-ils prévenir en toute sécurité les vaginites récurrentes ?

Réponse fondée sur des preuves

Oui, l’utilisation de suppositoires vaginaux ou la consommation de yaourt contenant du Lactobacillus peuvent réduire les récidives de vaginose bactérienne (VB) (force de recommandation : B, essais contrôlés randomisés avec des résultats contradictoires).

Ni les suppositoires ni le yaourt contenant du Lactobacillus ne sont susceptibles de prévenir les récidives de candidose vulvo-vaginale (CVV) (force de recommandation : B, essais contrôlés randomisés avec des résultats contradictoires).

Les suppositoires et le yaourt probiotiques ne semblent pas avoir d’effets indésirables significatifs (SOR : A, ECR).

Résumé des preuves

Un ECR en double aveugle a révélé que les suppositoires vaginaux probiotiques réduisent l’incidence de la VVC récurrente. Les investigateurs ont randomisé 120 femmes chinoises, âgées de 18 à 55 ans et ayant des antécédents de deux épisodes ou plus de VB au cours de l’année précédente, pour qu’elles utilisent des suppositoires contenant soit des probiotiques (Lactobacillus rhamnosus, L acidophilus et Streptococcus thermophilus, total de 8×109 unités formatrices de colonies), soit un placebo1. Toutes les femmes ont utilisé les suppositoires quotidiennement pendant une semaine, ont arrêté pendant une semaine, puis les ont utilisés pendant une autre semaine.

Moins de femmes ayant utilisé les suppositoires probiotiques ont eu des récidives de VB à l’examen pendant les 2 mois suivants que les femmes ayant utilisé le placebo (16% contre 45% ; P<.001 ; nombre nécessaire pour traiter =3,4), et moins de récidives ont été signalées lors des entretiens téléphoniques 2 à 11 mois après le traitement (11% vs 28% ; P<.05 ; NNT=5,8). Les enquêteurs ont enregistré deux tiers de moins de plaintes de pertes et de mauvaises odeurs chez les femmes qui ont utilisé des probiotiques que chez celles qui ont utilisé un placebo (P<.05 pour les deux comparaisons).

Mais un autre ECR ne trouve aucun effet sur la VB ou la VVC récurrente
Un autre ECR a traité 95 femmes âgées de 18 à 45 ans avec des ovules de clindamycine (pour la VB) ou des suppositoires de clotrimazole (pour la VVC) et, après 5 jours, les a randomisées pour utiliser des suppositoires probiotiques (espèces de Lactobacillus, 108-1010 cfu) ou un placebo pendant 5 jours supplémentaires2.

Les suppositoires probiotiques après le traitement n’ont pas réduit les récidives de VB ou de VVC diagnostiquées par un clinicien par rapport au placebo (7 % vs 17 % après 2-3 jours ; 22 % vs 29 % après le premier cycle menstruel ; P=non significatif pour les deux). Les probiotiques ont cependant réduit les pertes malodorantes autodéclarées (P=.03). Les probiotiques n’ont pas produit d’effets indésirables.

Le yaourt probiotique diminue la VB récurrente mais pas la VVC dans un ECR
Un ECR qui a randomisé 46 femmes, âgées de 20 à 39 ans et ayant des antécédents de 4 épisodes ou plus de VB ou de VVC au cours de l’année précédente, pour qu’elles consomment quotidiennement du yaourt enrichi en L acidophilus (108 cfu) ou du yaourt pasteurisé pendant 2 mois a révélé que la consommation de yaourt contenant des probiotiques réduisait l’incidence de la VB récurrente mais pas de la VVC3.

Les femmes qui ont consommé du yaourt à base de L acidophilus ont eu moins d’épisodes de VB diagnostiqués par un clinicien à 1 mois que les femmes qui ont consommé du yaourt pasteurisé (24% contre 53% ; P<.05) et également à 2 mois (4% contre 36% ; P<.05). Cependant, ils n’ont pas eu significativement moins d’épisodes de VVC (43% vs 37% à 1 mois, 21% vs 29% à 2 mois ; P=non significatif pour les deux). Les investigateurs n’ont signalé aucun effet indésirable.

Un petit essai imparfait trouve moins d’épisodes de VVC avec le yaourt
Un essai croisé non aveugle a trouvé que la consommation quotidienne de yaourt probiotique réduisait les récidives de VVC chez les femmes ayant des antécédents de cette infection. Les investigateurs ont randomisé 33 femmes âgées de 24 à 50 ans pour qu’elles consomment soit 8 onces par jour de yaourt (avec L acidophilus, 108 cfu), soit un régime sans yaourt.4 Après 6 mois, les groupes ont changé. Les investigateurs ont vu tous les patients une fois par mois.

Les femmes qui ont mangé du yaourt ont eu moins d’épisodes de VVC que celles qui n’en ont pas mangé (0,4 contre 2,5 sur 6 mois ; P<.001) et n’ont signalé aucun effet indésirable. L’étude était imparfaite en raison de sa petite taille et des taux d’attrition élevés (seules 13 femmes ont terminé l’essai).

Recommandations

L’Organisation mondiale de la santé affirme que certaines preuves cliniques suggèrent que l’administration orale et vaginale de lactobacilles peut éradiquer la VB asymptomatique et symptomatique. Les preuves à l’appui de la prévention de la VB récurrente ou de la VVC par les probiotiques sont limitées.5

Une revue de la littérature par la Natural Standard Research Collaboration affirme que les preuves sont insuffisantes pour recommander les probiotiques pour le traitement ou la prévention de la vaginose bactérienne et que la prévention ou le traitement des infections vaginales à levures par les probiotiques n’a pas été étudiée de manière adéquate.6

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